Travail au froid
Définition
L’exposition directe au froid présente des risques pour la santé des travailleurs et accentue la survenue d’accidents du travail.
Dès que la température ambiante (à l’abri du vent) est inférieure à 5 °C, la vigilance s’impose, que ce soit pour une exposition prolongée ou non..
Si les températures comprises entre 5°C et 15 °C présentent moins de risques directs, elles peuvent néanmoins être sources d’inconfort pour des travaux sédentaires ou de pénibilité légère. Elles peuvent générer alors frissons, engourdissements ou rhumes et par ailleurs provoquer des risques indirects : accidents dus à une pénibilité et une fatigue accrues, à une perte de dextérité, survenue de TMS…
A noter qu’en extérieur, l’exposition au vent aggrave le refroidissement des opérateurs.
Secteurs d’activités
De nombreuses situations professionnelles exposent les salariés au froid, naturel ou artificiel.
Le travail en ambiance froide (chambres froides ou climatisées), en extérieur durant l’hiver (BTP, transports, travaux agricoles) ou encore dans certaines conditions particulières (travail en altitude, travail sous l’eau) peut exposer les salariés à des températures très basses.
Environ 100 000 personnes travaillent en ambiance froide (températures inférieures à 10 °C), principalement dans l’industrie alimentaire. Il s’agit soit de manutentionnaires, soit d’opérateurs affectés à la transformation du produit (découpe ou préparation). Ils travaillent en chambre climatisée (0 à 10 °C) ou en chambre froide (- 30 à 0 °C).
Le travail dans des locaux refroidis artificiellement concerne également les employés des métiers du froid (installation, entretien, réparation de chambres frigorifiques ou de systèmes de conditionnement d’air), les salariés en postes fixes sur des lieux de travail insuffisamment chauffés (hangars, entrepôts…).
Sensation de refroidissement
La sensation de refroidissement est causée par l’effet combiné de la température et du vent.
Un indice de refroidissement éolien, établi par les météorologues canadiens, donne la température équivalente ressentie par l’organisme en fonction de la vitesse du vent, pour des individus adultes portant des vêtements d’hiver.
Risques d’accidents du travail
Plusieurs facteurs associés au froid peuvent contribuer à la survenue d’accidents au travail.
À signaler parmi eux :
- les sols rendus glissants (en intérieur comme en extérieur),
- les contacts avec des surfaces métalliques froides,
- une pénibilité et une fatigue accrues du fait de l’augmentation de la dépense énergétique,
- une perte de dextérité ou de sensibilité tactile liée au froid, au port de gants, voire de vêtements de protection contre le froid,
- des difficultés à se déplacer en extérieur (dans la neige, à pied ou en voiture…)
Effets sur la santé
Conséquences du travail au froid
Le froid peut avoir des répercussions sur la qualité du travail et provoquer directement ou indirectement des accidents (glissades, perte de dextérité…).
Les effets sur la santé peuvent concerner le corps dans son ensemble ou seulement les parties exposées, des simples engourdissements jusqu’aux gelures.
En fonction du niveau d’exposition au froid, la gravité des atteintes cutanées est plus ou moins marquée. L’engelure (sans séquelles) représente le premier degré de la gelure. Les séquelles des gelures plus graves peuvent être très douloureuses voire permanentes dans le cas de nécroses profondes de tissus.
L’effet d’ordre général le plus sérieux est l’hypothermie. Il survient lorsque l’individu ne parvient plus à réguler sa température interne. Ses conséquences peuvent s’avérer dramatiques : troubles de la conscience, coma, décès.
Le travail au froid augmente également les risques de troubles musculosquelettiques.
Mécanisme de régulation naturelle
Dans un environnement neutre, la température du corps est maintenue à 37 °C. En cas d’exposition au froid, l’organisme dispose de mécanismes qui lui permettent de retenir la chaleur (vasoconstriction cutanée). Le frisson augmente la production de chaleur de l’organisme jusqu’à 500 %…
L’organisme compense également les pertes en produisant lui-même de la chaleur (transformation de l’énergie apportée par les aliments, effets de l’activité physique…). Mais quand la perte de chaleur due au froid est plus importante que la production de chaleur, la température du corps se met à baisser.
À la différence d’une exposition à la chaleur, on ne peut pas parler pour le froid de période d’acclimatation.
Focus sur l’hypothermie
En cas d’exposition au froid prolongée, l’hypothermie constitue le risque le plus important. Elle est caractérisée par une chute de la température interne inférieure à 35°C et l’apparition de frissons. Il s’agit d’une urgence grave. L’hypothermie est une des principales causes de mortalité liée à l’exposition directe au froid dans la population générale.
Signe d’alerte :
- Symptômes généraux : frissons, atonie (manque d’énergie) ou fatigue
- Symptômes cutanés : peau froide
- Symptômes neurosensoriels : désorientation, confusion, voire perte de conscience
Conduite à tenir face à une hypothermie :
Dès que ces signes d’alerte sont détectés chez un travailleur exposé au froid, il faut agir rapidement. Le premier réflexe doit être d’alerter ou faire alerter les secours extérieurs : Samu (15) ou pompiers (18).
Travail au froid : prévention
Des mesures de prévention adaptées permettent de réduire le nombre d’accidents et de troubles liés au travail au froid. Les mesures les plus efficaces consistent à éviter ou à limiter le temps de travail au froid. À défaut, il convient, entre autres mesures, d’organiser le travail, de fournir des équipements de travail adaptés et d’aménager les locaux de pause chauffés. Concernant la protection vestimentaire, il est préférable de porter plusieurs couches de vêtements qu’un seul vêtement épais ; la tête et les mains doivent être protégées.
Il convient d’anticiper les risques liés au froid lui-même ainsi que les situations dans lesquelles le froid peut contribuer à générer des accidents. Lors de cette évaluation, plusieurs éléments sont à prendre en compte : les situations de travail (en extérieur ou à l’intérieur de locaux), les facteurs inhérents aux tâches à effectuer et certains facteurs individuels.
Organisation du travail
- Planifier les activités en extérieur en tenant compte des prévisions météorologiques (température, humidité, vitesse de l’air, précipitations).
- Limiter le temps de travail au froid.
- Limiter le travail sédentaire au froid.
- Porter une attention particulière aux salariés susceptibles de travailler de façon isolée, prévoir un système de communication avec les équipes exposées et des dispositifs d’alarme.
- Limiter le travail intense et le port de charge répétitif ou, à défaut, organiser le travail en binôme.
- Prévoir un régime de pauses adapté et un temps de récupération supplémentaire après des expositions à des températures très basses.
Conception et aménagement des postes de travail
La mise à disposition de locaux chauffés permet aux salariés de se réchauffer et de faire sécher leurs équipements de travail
- Assurer une température suffisante à l’intérieur des locaux (chauffages localisés par rayonnement pour les postes particulièrement exposés, isolation, réglage de la fermeture et de l’ouverture des portes…).
- Mettre à disposition un local ou un abri chauffé (et non surchauffé) permettant de consommer des boissons chaudes, de faire sécher des vêtements ou de stocker des vêtements de rechange.
- Mettre en place des aides à la manutention manuelle permettant de réduire la charge physique de travail et la transpiration.
- Isoler les surfaces métalliques (risque d’accident par contact avec des surfaces froides).
- Choisir pour les sols des matériaux permettant de prévenir le risque de glissade.
- Apposer une signalisation spécifique (entrée dans une zone de froid extrême, contact possible avec des surfaces froides, surfaces glissantes…). Un panneau d’avertissement « Basse température » est prévu par la réglementation…
Spécificités des chambres froides
Prévoir l’ouverture possible des portes des chambres réfrigérées depuis l’intérieur.
- Installer un dispositif d’avertissement sonore et lumineux permettant de donner l’alarme en cas d’enfermement accidentel
- Vérifier régulièrement le bon fonctionnement des dispositifs de sécurité (portes, avertisseurs, voyants lumineux…)
- Installer une ventilation adaptée et limiter les apports d’air extérieur humide (sas, portes à ouverture rapide, rideaux d’air…)
- Pour les activités statiques telles que l’étiquetage, le conditionnement ou le contrôle des commandes, favoriser la mise en place d’un local avec plancher chauffant
- Utiliser des sièges en matériau isolant thermique
- Choisir des chariots de manutention adaptés au travail en chambre froide (équipés d’une cabine chauffée…)
- Informer les travailleurs des dispositifs de sécurité en place
Formation et information des salariés
- Informer les travailleurs des risques liés au travail en environnement froid, sans oublier les nouveaux embauchés, les intérimaires et les intervenants extérieurs.
- Mettre en place des formations adaptées aux postes de travail.
- Compléter, si besoin, la formation des sauveteurs secouristes du travail. L’employeur peut demander pour cela l’intervention du service de santé au travail.
Mise à disposition d’EPI contre le froid
Le port d’équipements de protection individuelle permet aux travailleurs de se protéger du froid.
- Préférer plusieurs couches de vêtements à un seul vêtement épais. La couche la plus près du corps doit être isolante et éloigner l’humidité de la peau afin de la maintenir sèche.
- Choisir les vêtements assurant le meilleur compromis entre le niveau de protection et les exigences inhérentes à la tâche à effectuer (mobilité, dextérité…).
- Choisir les matériaux des vêtements de protection offrant le meilleur isolement vestimentaire en fonction de la température et de la tâche à effectuer.
- Assurer une bonne protection thermique de la tête (bonnet ou casque de sécurité avec doublure isolante).
- Prévoir des chaussures antidérapantes et pourvues d’une bonne isolation thermique.
- Pour des travaux par temps de pluie ou de neige, prévoir un vêtement imperméable.
- S’assurer du confort et de la compatibilité des équipements de protection individuelle prévus pour d’autres risques (travail en hauteur, protection respiratoire…) lorsqu’ils sont utilisés conjointement avec les vêtements de protection contre le froid.
Focus Jeunes Travailleurs (-18 ans)
Les jeunes travailleurs de moins de 18 ans ne peuvent être affectés qu’à des travaux légers qui ne sont pas susceptibles de porter préjudice à leur sécurité, à leur santé ou à leur développement (article D. 4153-4 du Code du travail).
Il est interdit d’affecter les jeunes aux travaux les exposant à une température extrême susceptible de nuire à la santé (article D. 4153-36 du Code du travail).