Soleil, UV et santé au travail
Le soleil est essentiel à la vie et procure de nombreux bienfaits, comme la synthèse de la vitamine D. Cependant, il émet également des rayons ultraviolets (UV) qui peuvent être dangereux pour la santé au-delà d’un certain seuil. Pour de nombreux travailleurs, notamment ceux qui exercent leur activité en extérieur, l’exposition au soleil est une réalité quotidienne. Il est crucial de comprendre ces risques et de savoir comment s’en protéger efficacement.
Qu’est-ce que l’Index UV et comment varie-t-il ?
L’Index UV, ou Indice de rayonnement UV, est un indicateur qui exprime l’intensité des UV et le risque qu’ils représentent pour la santé. Plus l’Index UV est élevé, plus la protection est nécessaire. Il mesure l’intensité du rayonnement UV solaire au niveau du sol sur une échelle allant de 0 à 11+. Une valeur élevée de l’indice UV signifie un risque plus grand et un temps plus court pour que des lésions de la peau ou des yeux se produisent.
L’Index UV varie considérablement en fonction de plusieurs facteurs:
- L’heure de la journée : plus le soleil est haut dans le ciel, plus l’Index UV est élevé. Il y a par exemple 3 fois plus d’UV à la mi-journée qu’en début de matinée. La période la plus dangereuse se situe généralement entre 12h et 16h d’avril à septembre en France hexagonale, et toute l’année sous les Tropiques.
- La saison : en France hexagonale, il y a 10 fois plus d’UV en juin qu’en décembre. Les UV sont particulièrement dangereux d’avril à septembre dans l’Hémisphère Nord.
- Le lieu où l’on se trouve : l’Index UV est plus élevé dans certaines régions comme les Antilles et à l’Ile de la Réunion (2 à 6 fois plus qu’en France hexagonale). Il est également plus élevé en haute montagne et lorsque la réverbération est forte sur des surfaces brillantes (l’albédo).
- Les conditions météorologiques : il faut se méfier des UV même lorsqu’il fait frais, qu’il y a du vent, ou qu’il y a des nuages, car les rayons UV ne chauffent pas.
L’Index UV est un outil de prévention général promu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Exemple Index UV (source : https://www.soleil.info/)
Pourquoi l’exposition aux UV est-elle un risque professionnel ?
Le rayonnement solaire est classé par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) dans le groupe 1, Agent cancérogène pour l’homme. L’exposition aux UV solaires est responsable de la grande majorité des cancers cutanés.
Les travailleurs en plein air sont particulièrement touchés et environ 3 fois plus à risque de se voir diagnostiquer un cancer de la peau. Selon l’EU-OSHA, le rayonnement solaire est le premier agent cancérogène au travail en termes de prévalence. On estime à 14,5 millions le nombre de travailleurs de l’Union européenne exposés pendant au moins 75 % de leur temps de travail.
Il existe différents types de cancers cutanés liés aux UV:
- Cancers non mélanocytaires (carcinomes basocellulaires et spinocellulaires) : ils constituent la grande majorité des cancers cutanés (environ 90%) et sont essentiellement associés à des expositions chroniques (régulières et de longue durée).
- Mélanome : souvent le plus connu des cancers cutanés, il est associé aux expositions intermittentes et aux coups de soleil. Il cause la plupart des décès annuels liés aux cancers cutanés observés à l’échelle mondiale.
Au-delà des cancers, les expositions au soleil accélèrent le vieillissement de la peau et peuvent provoquer des brûlures et des allergies. Les dommages peuvent aussi être oculaires, entraînant des ophtalmies, des cataractes ou des DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge).
Contrairement aux idées reçues, le danger ne réside pas exclusivement dans les activités de loisir (souvent associées aux coups de soleil) ; la question de l’exposition chronique est centrale dans le contexte de l’activité professionnelle.
Qui est particulièrement à risque face aux UV ?
Certaines personnes sont plus vulnérables face aux risques liés aux UV solaires:
- Celles et ceux qui ont la peau claire.
- Celles et ceux qui ont des grains de beauté et/ou des taches de rousseur.
- Celles et ceux qui ont des antécédents familiaux de cancer de la peau.
- Celles et ceux qui ont reçu des coups de soleil pendant l’enfance.
- Celles et ceux qui ont vécu dans un pays très ensoleillé (tropiques, montagne).
- Celles et ceux qui ont un système immunitaire diminué (par un traitement, le VIH, etc.).
L’activité professionnelle elle-même influe fortement sur la dose reçue. La nature de l’activité, l’organisation du travail, les périodes d’exposition, et même les postures statiques peuvent augmenter la variabilité de l’exposition et entraîner la surexposition de certaines parties du corps comme la nuque ou les avant-bras.
Comment se protéger individuellement ?
La protection individuelle est essentielle pour les travailleurs exposés aux UV, dans le même ordre d’idée que pour la prévention du travail à la chaleur. Voici les mesures recommandées :
- Vêtements couvrants : porter des vêtements à manches longues, à mailles serrées, si possible anti-UV (UPF 40), amples et clairs s’il fait chaud. Les vêtements protecteurs sont souvent plus efficaces que les écrans solaires.
- Chapeau ou protège-nuque : utiliser un chapeau à bords larges (7 à 8 cm) ou un protège-nuque pour protéger le visage, le cou et les oreilles.
- Lunettes de soleil : porter des lunettes de soleil enveloppantes, conformes aux normes EN 170 ou EN 172.
- Crème solaire : appliquer une crème solaire avec un Facteur de Protection Solaire (FPS) 50, avec protection “water resistant”, en couche épaisse et non grasse. L’application doit être renouvelée toutes les 2 heures. Ne pas oublier le baume pour les lèvres avec FPS 50. Il est important de noter que la crème solaire est moins efficace que le port de vêtements protecteurs.
- Attention aux substances photosensibilisantes : certains médicaments (antibiotiques, anti-inflammatoires…), goudrons, métaux peuvent augmenter la sensibilité de la peau au soleil.
Quelles mesures collectives et organisationnelles ?
Les employeurs ont un rôle crucial à jouer dans la prévention des risques liés aux UV solaires. Des mesures organisationnelles et techniques doivent être mises en place:
- Évaluer le risque UV : le risque doit être évalué et intégré dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP).
- Informer les travailleurs : afficher l’Index UV du jour et les conseils de protection. Distribuer des dépliants d’informations. Le personnel doit être informé des dangers du soleil et des UV au travail.
- Planifier les activités : entre avril et septembre, planifier les activités en extérieur avant 12h et après 16h en France hexagonale. Dans les DROM-COM, planifier avant 9h et après 15h. Reporter les activités en cas de risque de forte exposition.
- Limiter le temps d’exposition : limiter le temps passé au soleil par une rotation des postes ou en réduisant le temps d’exposition durant les périodes les plus ensoleillées.
- Ombrager les postes de travail et lieux de pause : créer des zones ombragées.
- Mettre à disposition des équipements de protection individuelle (EPI) solaires : fournir les vêtements, chapeaux, lunettes et crèmes, et veiller à leur bonne utilisation.
- Équiper les vitres : installer des filtres anti-UV sur les vitres des véhicules et des bureaux.
Agissons ensemble pour la prévention !
L’exposition au rayonnement ultraviolet solaire est un sujet de santé au travail majeur qui nécessite une action concertée. La prévention doit privilégier la limitation du temps d’exposition et l’introduction de barrières physiques (ombrage, vêtements) entre les UV et la peau.
Employeurs et travailleurs, informez-vous sur les risques et mettez en place les mesures de protection adéquates. La surveillance de votre peau et la connaissance des signaux d’alerte sont également primordiales.
Pour aller plus loin et obtenir des conseils détaillés, n’hésitez pas à consulter le site web.soleil info et le site web de l’INRS à ce sujet.
A télécharger : ➡ le dépliant d’informations sur la prévention des risques liés aux UV solaires au travail